De la découverte, du bon son… Soyez curieux

Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais ? Pourquoi est-ce que je suis devenue bookeuse et pourquoi je passe ma vie dans les concerts ?

A vous qui allez souvent en concert… (les autres peuvent lire aussi, ils comprendront) Avez-vous déjà regardé autour de vous ? Les gens du public qui comme vous viennent écouter – et voir – de la musique live. Avez-vous remarqué ces visages illuminés, les francs sourires, les corps qui déhanchent presque sans s’en rendre compte, tous les smartphones en l’air essayant de capter ces instants précieux… Et je dis bien « essayant » car il est impossible de reproduire les mêmes sensations avec un enregistrement. Ca procure des émotions qu’il est impossible d’après moi d’avoir dans son salon devant un film ou un concert retransmis à la télé.

Et des émotions, j’en ai pris plein la tronche sur une semaine au Reflektor, salle désormais incontournable de la cité ardente. De grandes grandes claques musicales.

Ca a commencé avec les concerts de Ici et Jérôme Mardaga le 10 novembre passé. La première partie était tout à fait adaptée à l’univers de Jérôme Mardaga. Certains d’entre vous se disent peut-être : « mais qui est ce Jérôme ? » Et bien c’est l’ancien Jeronimo, qui revient sur le devant de la scène avec son nouveau projet, l’excellent Raid Aérien, dont l’atmosphère est très différente des tubes de Jeronimo. D’où le changement de nom… Comme il le dit lui-même, ce n’est pas un chanteur. Mais c’est un putain d’auteur et de guitariste, accompagné par les excellents Gaëtan Streel et Olivier Cox. Les textes de Jérôme Mardaga sont poignants, son univers est dark et pas forcément commercial. Il écrit pour lui, pas pour répondre aux attentes d’un public qui suivait Jeronimo. Et il n’a pas fait sold out. C’est incompréhensible parce que c’était fabuleux.

Jérôme Mardaga - Photo Goldo
Jérôme Mardaga – Photo Goldo

Quelques jours plus tard, retour au même endroit pour les concerts de Bacon Caravan Creek et Birdpen. Le BCC ont été grandioses, avec une mention spéciale pour le bassiste qui déchire tout sur scène. Une grande énergie se dégage de leur set et les personnes présentes pourront confirmer qu’ils ont envoyé du lourd. Vient le tour de Birdpen de monter sur scène. Nous n’étions pas au bout de nos surprises. Ce groupe britannique a un set varié, réglé comme du papier à musique (sans être formaté) et sans faille. Son leader, Dave Pen, certes pas super bavard (mais finalement ce n’est pas ce qu’on lui demande), est une vraie bête de scène. Il est grandiose, tout y est : voix, jeu de guitare, attitudes… Ce qui lui a permis de même s’entendre dire par une fille du public « you’re fucking sexy ». Il faut bien avouer que ça ne gâche rien. Une soirée absolument parfaite. Et devinez quoi… C’était pas sold out !

Birdpen - Photo Let's Deb
Birdpen – Photo Let’s Deb

Le lendemain, je reprends la route du Reflektor pour trois groupes, dont deux déjà vus. Le premier, inconnu au bataillon en ce qui me concerne, m’a bluffée. Halehan, seul avec son synthé ou sa guitare, est touchant de timidité, avec une voix fantastique et envoûtante. Les Sunday Charmers montent sur scène après lui et proposent un set énergique, bien balancé, qui ne donne qu’une envie : remuer son popotin. Vient le tour des désormais assez célèbres Sonnfjord. Emmenés par sa chanteuse sensible et touchante Maria-Laetitia (dite ML), ils nous ont offert un grand moment de show. Prestance scénique, interaction avec le public, la set list, tout est au top. Et une ML touchante d’être la tête d’affiche pour la première fois au Reflektor. L’apothéose étant le duo que nous ont offert ML et Halehan. Un moment suspendu dans le temps… Une émotion indescriptible… Entre la voix cristalline de ML et celle plus chaude de Halehan, le mariage était parfait ! Et là, j’ai eu un flash pour quelqu’un que je connais qui est toujours impassible devant les concerts. Et bien j’ai compris à cet instant précis qu’on pouvait apprécier un moment sans pour autant l’exprimer corporellement. Au contraire, l’émotion était tellement forte, tellement prenante, que je n’ai pas bougé d’un millimètre durant cette prestation extraordinaire. Mes yeux se sont légèrement humidifiés, j’étais bouché bée, mais je suis restée complètement statique. Vous vous demandez peut-être si cette date affichait « complet ». Et bien non !

Sonnfjord - Photo Let's Deb
Sonnfjord – Photo Let’s Deb

Et vous savez quoi ? Je ne comprends pas… mais vraiment pas comment ces trois dates de qualité n’étaient pas complètes des semaines à l’avance. Vous ne connaissiez pas les noms des artistes ? Qu’à cela ne tienne. Vous n’avez jamais envie de surprise et de découverte ? Moi je m’ennuierais si c’était mon cas. Oui, parfois on peut être déçu. Mais parfois… on vit un moment unique.

S’il vous plaît, soyez curieux, sortez de chez vous, et faites vivre nos artistes d’ici et d’ailleurs qui ont tellement à nous offrir.

 

 

Deborah – Let’s Deb

Agent artistique

Organisateur du Deb Fest’

www.letsdeb.be

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